La nouvelle coalition de gauche "Nouveau Front Populaire" qui vient de se former en vue des prochaines législatives -suite à la dissolution de l'Assemblée Nationale prononcée par Emmanuel Macron à l'issue des élections européennes ce 9 juin-, vient de présenter ce vendredi 14 juin en milieu de journée son programme appelé contrat de législature.
Les principales figures des partis de gauches étaient réunies ce vendredi matin à la Maison de la chimie dans le 7ème arrondissement de Paris : LFI, Écologistes, PCF, Parti socialiste afin de présenter à la presse les principales mesures qui seraient mises en œuvre dans le cas où une majorité suffisante serait acquise lors des élections législatives à venir le 30 juin et 7 juillet prochains.
Dans cette profession de foi, rédigée en un temps record, le Nouveau Front Populaire promet "20 actes de rupture pour répondre à l’urgence sociale, au défi climatique, à la réparation des services publics, à un chemin d’apaisement en France et dans le monde". Le document diffusé est structuré en trois parties : 15 premiers jours la rupture, 100 jours l'été des bifurcations, les transformations.
"La rupture"
La première partie du document de campagne entend répondre aux "urgences qui abîment la vie et la confiance du peuple français" et d'en finir avec "la brutalisation et la maltraitance des années Macron" et propose six premières mesures :
- Blocage des prix des produits de première nécessité
- L'abrogation de la réforme des retraites passant l'âge de départ à la retraite à 64 ans
- L'augmentation du minimum contributif (pension de retraite pour une carrière complète) au niveau du SMIC et le minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté
- L'augmentation du SMIC à 1600 euros nets
- La mise en place de prix plancher pour garantir les revenus des agriculteurs avec une taxe sur les profits de l'agro-industrie et de la grande distribution
- Une revalorisation des APL de 10%.
Ce premier volet s'accompagne de mesures concernant l'environnement comme la mise en place de moratoires sur les grands projets d'infrastructures autoroutières ou les méga-bassines. Concernant le logement un paragraphe prévoit l'annulation des coupes budgétaires prévues pour les organismes HLM et la création de places d'hébergement d'urgence. Toujours dans cette première partie on notera l'organisation d'une "conférence de sauvetage" de l'hôpital public afin d'éviter la saturation des services pendant l'été ainsi que la revalorisation des salaires pour les personnels de nuit et du week-end. Concernant l'école, la mise en place de la gratuité intégrale de la cantine, des fournitures scolaires mais aussi des activités périscolaires. D'autres mesures concernent les méthodes de maintien de l'ordre comme le démantèlement de la BRAV-M ainsi que l'interdiction des LBD. Afin d'apaiser le climat de tension en Nouvelle Calédonie, le texte prévoit l'abandon de la réforme constitutionnelle visant au dégel immédiat du corps électoral.
"100 premiers jours"
La deuxième partie intitulée les "100 premiers jours" est plus générale et développe les intensions de campagne : loi sur le pouvoir d'achat (annulation de l'augmentation des tarifs de l'énergie, indexation des salaires sur l'inflation), la santé, l'éducation, planification écologique et un dernier paragraphe qui ne plaira pas aux milliardaires avec un projet de loi de finance rectificatif prévu le 4 août (un clin d'œil à la nuit du 4 août 1789 et de l'abolition des privilèges ?) qui prévoit le rétablissement de l'ISF, la supression de la "flat-tax" et le rétablissement de l' "exit-tax".
"Les transformations"
La troisième partie s'inscrit dans le prolongement des deux premières avec des investissements dans les services publics, la création de places de crèches, un plan de rénovation des EHPAD, la garantie du droit au logement avec notamment l'encadrement des loyers dans les zones en tension, de nouveaux droits pour les retraités avec bien sûr un départ en retraite rétabli à 60 ans mais aussi la réinstauration des facteurs de pénibilité.
Une révision Constitutionnelle est envisagée avec une "6ème République" qui implique l'abrogation du 49.3, l'instauration de la proportionnelle mais aussi du référendum d'initiative citoyenne (RIC) réclamée par les gilets jaunes.
Un paragraphe sur l'économie prévoit un plan de reconstruction industrielle notamment pour les secteurs stratégiques (semi-conducteurs, médicaments, technologies de pointe, voitures électriques, panneaux solaires...).
Cette troisième partie prévoit également des réformes importantes concernant le droit du travail avec la mise en place de la semaine à 32 heures pour les métiers de nuit ou pénibles.
Voici pour la synthèse de ce programme ambitieux qui n'est pas exhaustive. Beaucoup d'autres thèmes sont abordés, notamment sur l'audiovisuel public qui est menacé suite au projet de réforme d'Emmanuel Macron et aux annonces de Jordan Bardella qui lui emboîtait le pas en annonçant son intention de privatiser Radio France et France Télévisions.
Après des mois d'austérité pour les français, il faut quand même souligner que ces mesures qui peuvent sembler enthousiasmantes vont se confronter aux directives européennes. Néanmoins, ce n'est pas complètement un angle mort dans le projet du Nouveau Front Populaire qui aborde cet obstacle avec plus ou moins de réalisme comme l'instauration d'un "protectionnisme écologique et social" aux frontières de l'Europe et la fin des traités de libre-échange.
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